Hilarion Lefuneste - crédit photo : Greg |
Dans chaque entreprise visée par ces vandales, le bouc-émissaire est clair : la compétitivité jugée inéquitable du voisin espagnol, qui tiendrait du dumping viticole. Cette lecture simpliste des mécanismes des vases communiquants masque une profonde méconnaissance viticole des marchés (sauf quand il s’agit de s’approvisionner en moûts concentrés venant de l’autre côté des Pyrénées). Teintée d'amertume, cette incompréhension doit interpeller les représentants et élus locaux. Une mise à plat des orientations stratégiques de production du vignoble languedocien est cruciale, avant que d'avantage de vignerons ne se sentent dépassés, et laissés sans perspectives.
Ce diagnostic n'est pas partagé par le négoce régional, qui prend bien garde à ne pas se pencher outre-mesure sur ce qui lui semble être un conflit d’arrière-garde. A l'entendre, le repli protectionniste de ses voisins de vignoble tout-AOC/IGP va à l'encontre des réalités. Celles d'une demande mondiale d'entrée de gamme, pour laquelle les exportateurs français ont une expertise et des atouts reconnus. Mais loin de légitimer les actions d'une minorité en roue-libre, l'implication du négoce dans cette crise latente permettrait de lever les incompréhensions. Ne serait-ce qu'en partageant leurs connaissances des besoins internationaux. Tout en témoignant d'une prise de responsabilité rénouvelée dans l'accès aux marchés. Qui est aussi avérée qu'historique, mais perdue de vue depuis un vignoble se sentant délaissé, trahi.
Quelle que soit la famille en cause, se contenter de reporter la faute sur le voisin ne lèvera par l'atmosphère étouffante de cet été. En attendant la rentrée, et une hypothétique action gouvernementale*, on pourra toujours réviser sur sa serviette de plage la stratégie de filière pour 2025 que FranceAgriMer, dévoilée il y a deux ans. On y trouvera des constats toujours pertinents : "une érosion des parts de marché à l’export" et un "manque d’intégration stratégique du segment des vins sans indication géographique". Les problèmes sont posés : viticulteurs, vignerons, négociants, élus à vos devoirs de vacances maintenant !
* : Le premier ministre et le ministre de l’Agriculture ont été interpellés sur ce sujet lors de leur visite dans le vignoble audois en juillet dernier.
Origine information: Vitisphere
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